Comment construire une intrigue solide ? Voilà une question intéressante !
Dans mon précédent article, je donnais 2 conseils pour bien commencer la rédaction de son roman. Ces conseils permettaient de dégager le concept de l’histoire et de le développer grâce à une série de questions.
Très bien, mais une fois qu’on a les réponses à ces questions, comment les organiser en quelque chose de cohérent ?
C’est en voulant répondre à cette question qu’une fois encore, je me suis lancée dans des recherches. Je suis alors tombée sur un article du blog du NaNoWriMo dans lequel Derek Murphy, un participant du NaNo avait été interrogé sur sa façon d’organiser son récit.
Il y explique que quasiment toutes les fictions suivent une version du « voyage initiatique du héros » : un personnage subit une épreuve, apprends quelque chose et en ressort meilleur/changé.
Il ajoute qu’il y a des points critiques et des scènes clés qui doivent être incluses dans un récit. S’ils n’y sont pas, cela empêchera le lecteur de se connecter émotionnellement au récit et avec les personnages.
Il conclut qu’il est beaucoup plus facile d’organiser ces points clés avant la rédaction du roman.
C’est une façon efficace d’éviter les blocages et de savoir quoi écrire ensuite.
Dereck Murphy donne une méthode en 9 étapes. Je les avais déjà vues par un autre auteur, mais malheureusement, je n’ai pas noté la source et je n’ai pas réussi à la retrouver.
J’ai donc fait un mélange entre les notes que j’avais prises à l’époque et les instructions de Derek Murphy pour vous livrer cette méthode efficaces dont je me sers toujours pour construire mon récit. Les voici :
Attention, c’est un sacré morceau ! ^^’
Acte 1
1. La situation initiale
C’est le moment où l’on présente le héros et son environnement.
C’est aussi le moment de souligner ce qui lui manque. On ne veut pas commencer avec un personnage parfait, heureux, qui a tout ce qu’il désire (à moins que le but soit de tout lui enlever par la suite, ce qui est acceptable). Il faut lui donner la place d’évoluer.
Peut-être a-t-il des problèmes émotionnels à régler ? Il est peut-être timide, étrange, maladroit ou embarrassé, ou impopulaire ? Peut-être qu’il déteste son travail ou vient de se faire larguer ?
C’est le moment de montrer ce dont il a envie, ses désirs inavouables. Vers quoi il travaille ? Il a certainement des rêves qu’il pense inatteignable.
2. L’élément perturbateur – l’incident incitant
Quelque chose arrive qui perturbe le héros. C’est sa réaction à cet élément qui fait démarrer l’histoire de façon inattendue. Quelque chose de fondamental change.
Peut-être qu’un inconnu emménage en ville, ou qu’un membre de la famille meurt, ou qu’il y a un tremblement de terre ? Ce pourrait être une invitation, ou un ami invitant le personnage principal à une fête ? Le héros peut avoir rencontré un mentor, ou il peut avoir vu quelque chose qui change sa vision des choses. Quelque chose d’assez énorme pour secouer ses certitudes et sa vision du monde, et pour le faire se sentir vulnérable et exposé.
Ça peut ne pas être une crise énorme, mais ça sera gênant et notable, ou excitant – c’est le début de l’intrigue. C’est pourquoi il faut lancer la machine assez tôt, car sinon il ne se passera rien. Ce sera l’une des scènes majeures de l’histoire, alors il faut la rendre inoubliable.
Cet appel de l’aventure est en général suivi par du refus ou du déni, puis par une prise de décision.
3. Premier tournant de l’intrigue – les péripéties et les prémices de l’explosion.
Le héros a pris une décision et est maintenant confronté à un nouvel environnement qu’il découvre avec joie ou non.
Il est également confronté aux difficultés causées par l’antagoniste. Il ne lui fait pas nécessairement face et ne sait pas forcément non plus à qui il a affaire mais l’étau se resserre. Les dangers sont plus grands et les épreuves plus difficiles.
Aussi, c’est la fin du premier acte, à peu près 25% de l’histoire. À ce moment, tous les personnages principaux doivent avoir été présentés, ou au moins évoqués.
Acte 2
4. Premier point de pincement – explications partielles et premiers affrontements
Au premier tournant de l’intrigue, il y aura plusieurs chapitres durant lesquels le protagoniste apprend des choses sur son nouvel environnement. Il peut faire des recherches, poser des questions ou découvrir des choses au cours de conversations. Il faut qu’il y ait des conflits et de la tension qui construisent le premier point de pincement.
Peut-être qu’il commence à entrevoir qui est l’antagoniste et pourquoi il agit comme il le fait. Peut-être se pose-t-il des questions sur ceux qui l’entourent ? Sa détermination se cristallise.
Il n’est pas nécessaire que ce soit une bataille à proprement parler, mais on doit sentir que c’est l’antagoniste qui tire les ficelles. Il est après quelque chose, et ce quelque chose est lié au protagoniste d’une manière ou d’une autre.
Le protagoniste n’a toujours aucune idée de ce qui se trame réellement mais se trouve au centre d’un conflit.
Maintenant, les enjeux s’éclaircissent et doivent être aussi terribles que possible, presque inconcevable. Il faut se demander : quelle est la pire chose qu’il pourrait arriver ? Puis, comment rendre les choses encore pires pour mon personnage principal ?
Les enjeux doivent toujours sembler être une question de vie ou de mort pour le protagoniste. Ils représentent un changement complet, la mort de son “soi” précédent. À ce point, si le protagoniste n’est pas secoué au plus profond de ses certitudes, c’est qu’il faut rendre la scène encore plus forte.
5. Point de balance – fausse résolution
Le héros change : après le point de pincement, le protagoniste continue de faire face à de nouveaux défis, mais il est en mode défensif. Il se peut qu’il fasse des plans, mais la plupart du temps, il attend que quelque chose lui arrive et réagit à des événements au-delà de son contrôle.
S’il essaye de résoudre un problème, cela finit mal, ou ses plans sont contrecarrés. Il est possible que les conséquences de ses plans blessent quelqu’un, ou ses amis et famille peuvent commencer à perdre confiance en lui. Il commence à se poser des questions sur son identité et sa vision des choses, ce qui mène à une crise existentielle et un changement de perspective.
On se trouve maintenant à la moitié de l’histoire, et ce passage marque le moment où le protagoniste décide de passer à l’action.
Il décide d’arrêter d’être une victime et de prendre les choses en main. Il est probable qu’il forme un nouvel objectif, et même s’il n’est pas sûr de la façon de l’atteindre, il se convaincra qu’il pourra le faire. Cela peut être basé sur la rage, la colère envers l’antagoniste, une perspective nouvellement trouvée, ou qui augmente la confiance en lui.
Il pense avoir toutes les réponses à ses questions et avoir le contrôle de la situation.
6. L’explosion – nouveaux affrontements
Quelque chose d’inattendu arrive : l’antagoniste n’est pas celui que le héros croyait ; l’antagoniste attaque ; S’en suit une réelle confrontation.
Celui que le héros affronte peut encore une fois ne pas être le Grand Méchant, et simplement son homme de main ou quelqu’un d’autre qui représente ses intérêts. Cela peut être une attaque, ou le résultat des actions prises par le personnage principal, comme par exemple, un piège tendu pour l’antagoniste.
Le conflit explose en bataille ouverte aux conséquences croissantes. Cette confrontation fait réaliser au protagoniste que les choses sont pires que ce qu’il croyait et qu’il a sous-estimé son adversaire et son pouvoir et cela mène à une nouvelle perte ou un nouveau traumatisme.
De façon alternative, le second point de pincement peut être un conflit élevé suivit par la réaction du protagoniste.
Peut-être que l’antagoniste a capturé un allié ou volé quelque chose. Le protagoniste rassemble alors ses troupes et essaye d’arranger les choses, mais ces choses ne cessent de s’empirer, menant à une perte totale et dévastatrice. Généralement, ce processus se déroule sur plusieurs chapitres.
7. Second tournant de l’intrigue – l’antagoniste gagne
Tout va mal pour le héros qui pense que tout est perdu.
Le plan a échoué. L’arme secrète s’est retournée contre le protagoniste. L’équipe du héros a été massacrée, ou alors ils ont perdu leur avantage, ou le plan diabolique de l’antagoniste a réussi. Le pire est arrivé. L’antagoniste a gagné.
Lors du second tournant de l’intrigue, tout ce que le protagoniste redoutait est arrivé. Il est détruit; ne peut gagner; abandonne. Il n’y a plus d’espoir. La bataille est perdue avec des conséquences lourdes. Une personne à laquelle il tient est blessée, et il se sent coupable.
Généralement, la défaite est due à un trait de son caractère ou à un élément dont il n’avait pas connaissance.
Cela marque une période de dépression, et un changement d’état d’esprit. Le protagoniste doit abandonner ce qu’il veut. Il réalise que ce à quoi il s’accrochait a complètement disparu. Il n’y aucune chance de victoire. La seule façon d’avancer est de faire face. Il est forcé de changer et d’aller dans une nouvelle direction.
Ceci est lié aux défauts/manques de connaissances du protagoniste. Quand il réalise ce à quoi il s’accrochait, ce qui le retenait ou le limitait, et quand il est prêt à sacrifier ce qu’il veut pour le bien commun, il devient finalement le héros qu’il a besoin d’être pour défier l’antagoniste.
8. Bataille finale partie 1 – Révélation
Généralement, le protagoniste a besoin d’une discussion avec un ami proche pour se remettre d’aplomb. Il a besoin d’une raison de se battre, même si cela semble sans espoir. Même s’il ne voit pas comment vaincre l’ennemi. Il n’y a pas le choix que de le confronter.
Mais il est préparé – il peut avoir gagné un objet ou une information clé. Il peut avoir reçu une nouvelle arme, ou appris la faiblesse de l’antagoniste.
La scène de la bataille finale inclut souvent une scène lors de laquelle le protagoniste est à la merci de son ennemi, où le protagoniste est pris et où le méchant peut jubiler. Quoi qu’il en soit, ça n’est pas une victoire claire et facile : le héros commence par perdre, tout est perdu, il est capturé, puis il s’échappe et prend le dessus sur le méchant.
Généralement, les scènes de bataille finale incluent une scène “mort du héros”, où le héros, ou un allié/ami/amoureux se sacrifie ou semble mourir… pour être ensuite ramené à la vie dans la joie et l’allégresse. (Mais si on veut garder le récit sombre, il peut rester mort).
Ça n’a pas à être une bataille au sens littéral du terme, mais c’est au moins la partie la plus dramatique de l’histoire. C’est ce qui force le protagoniste à réaliser quelque chose, changer, évoluer. Et c’est le moment où le protagoniste a une victoire.
9. Bataille finale partie 2 – conclusion de l’affrontement
Le héros et l’antagoniste s’affrontent dans une bataille finale dont l’issue est … à vous de choisir. Si le héros gagne et survit, il fera de nouveau face à des défis et des conflits mais les gèrera différemment/mieux qu’avant son aventure.
La victoire du héros peut également être temporaire (le méchant a été vaincu, mais il/quelqu’un d’autre reviendra) ; la sécurité est ténue et amère.
Le héros a grandi en confiance et a un groupe de nouveaux amis, ainsi qu’un nouvel espoir pour l’avenir.
À retenir
Pour structurer son récit, on peut suivre les différentes étapes du voyage initiatique du héros.
Je l’utilise sous forme de tableau, ainsi il est possible de voir les interactions que les différentes cases ont entre elles.
Et pour mieux illustrer mon propos, j’ai également mis un exemple concret en utilisant l’intrigue de Harry Potter 1.
Je n’ai évidemment pas pu mettre tous les détails dans les cases, juste les éléments généraux. Mais maintenant, vous voyez l’idée !
Et vous ?
Si vous êtes auteur, quelle méthode utilisez-vous pour structurer votre récit ?
Si vous débutez, pensez-vous que cette méthode vous conviendra ?
Dites-moi tout en commentaire !
Si cela vous intéresse, vous pouvez télécharger le tableau récapitulatif en format pdf